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Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/136

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Puis j’emportai son corps de ces taches couvert
Au milieu des chameaux, là-bas dans le désert,
Pour que la mort, faisant son œuvre meurtrière,
Finît de le ronger — loin des yeux de sa mère.

Près de l’agonisant, pleins d’horreur et d’effroi,
Nous veillions à genoux, tous, mes chameaux et moi.
Je me tordais les bras et criais avec rage :
« Pourquoi donc est-il né, s’il doit mourir ainsi ! »
Et là-bas, nous montrant son placide visage,
Quand mon fils expirait, la lune vint aussi
Regarder : cette lune, image inoubliable,
Comment put-elle voir un spectacle semblable ?
Dans mes bras, sur mon cœur, lorsqu’il eut expiré,
J’aurais voulu brûler son corps défiguré ;
Mais, quand sur ses habits je vis courir la flamme,
J’arrachai le cadavre, et fis, la mort dans l’âme,
Enlever mon enfant par deux noirs fossoyeurs :
Et mes deux fils sont mieux, là-bas, près de leurs sœurs.
Et depuis cette mort et cette horrible scène,
Il fallut commencer une autre quarantaine.

Sous ce soleil tout rouge au disque ensanglanté,
Sous cette tente à l’air étouffant, empesté,