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était lui-même surmonté, selon M. Saladin, d’un prisme droit à base triangulaire, ou, selon moi, d’un pyramidion supportant le lion qui vient d’être retrouvé dans les débris du monument.

La chambre sépulcrale ne se trouvait probablement pas dans le mausolée même, mais au-dessous. Le sarcophage devait être déposé dans un caveau, auquel on accédait par un couloir secret, soigneusement dissimulé comme dans les mastabas d’Égypte. Il serait intéressant de pouvoir s’en assurer par des fouilles méthodiques. Celles-ci nous feraient peut-être retrouver, dans le caveau inviolé, le sarcophage du prince berbère avec ses bijoux et son mobilier funéraire. Mais dussent-elles uniquement réduire la part de l’hypothèse dans la reconstitution du monument et déterminer tous les éléments qui nous manquent, elles vaudraient encore la peine d’être tentées.

L’archéologie monumentale de l’époque préromaine en Tunisie existe donc à peine, faute de documents. Faut-il en conclure à une destruction systématique ? Faut-il croire que les vainqueurs de Carthage, non contents de démolir de fond en comble la rivale de Rome, aient fait, par toute l’Afrique, table rase du passé ?

En aucune façon. L’absence de monuments de l’époque punique s’explique par des raisons plus simples et toutes naturelles.

Partout où étaient déjà les Phéniciens, les Romains se sont établis à leur tour ; ils se sont substitués à leurs devanciers, ont perfectionné ou refait, suivant les cas, et toujours complété leur œuvre. Leur civilisation a recouvert celle qui l’avait précédée, en la débordant, et comme la domination