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romaine a duré près de huit siècles, et que, pendant cette longue période, aux bâtiments qui tombaient en ruines se sont constamment superposés de nouveaux édifices, les soubassements des monuments carthaginois ont entièrement disparu, enfouis sous les constructions accumulées par les générations successives. Le phénomène n’a rien de particulier à l’époque punique. Les monuments romains les mieux conservés sont les derniers en date. Les ruines byzantines et celles des basiliques chrétiennes couvrent le pays. Les édifices païens les plus nombreux remontent au temps des empereurs africains ; ceux de l’époque des Antonins sont déjà plus rares. Il n’existe pas sur le sol de la Tunisie un seul monument romain dont on puisse affirmer qu’il soit antérieur à notre ère.

Dans la Zeugitane et sur la côte, la civilisation romaine cache l’œuvre des Phéniciens ; dans la Byzacène au contraire, les Romains n’ont rien fait disparaître, car rien n’existait avant eux. Ils ont trouvé un pays désert, ils l’ont transformé en une vaste ferme ; après eux le désert a reparu. Tout ce pays est à eux, rien qu’à eux ; c’est leur domaine propre. C’est là que leur action s’est exercée avec le plus de fruit, là aussi que les restes de leur occupation ont gardé le plus d’éclat et qu’il est le plus facile d’étudier dans le détail, de juger, par ses résultats, leur méthode de colonisation.

Pour coloniser en Afrique, il faut deux choses : de l’eau, des voies de communication. De l’eau d’abord, pour vivre ; et l’on en manque souvent en Tunisie. Pendant cinq mois d’été il ne pleut nulle part, même dans le nord, trop arrosé en hiver. En toute saison, dans le sud, il ne pleut pas assez. Partout l’eau fait défaut pendant une par-