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tie de l’année, et le résultat de cette disette, c’est la stérilité, la mort.

Il en a été ainsi de tout temps. Lorsque les auteurs anciens ne le disent pas expressément, comme Salluste : « Ciel et terre pauvres en eau » (Cælo terraque penuria aquarum), ils nous le laissent entendre. Le climat n’a changé depuis douze siècles que dans la mesure où peuvent le modifier l’abandon des cultures et le déboisement, c’est-à-dire fort peu.

Le régime des eaux est resté aujourd’hui ce qu’il était jadis : essentiellement torrentiel.

La Tunisie reçoit dans certaines régions autant d’eau que le bassin de Paris, dans d’autres moins que les steppes kirghises, mais toujours elle tombe de la même façon. Ce sont de vraies trombes qui s’abattent tout d’un coup sur le pays.

Dans ces conditions, l’absorption par le sol, si perméable qu’il soit, devient insignifiante, l’eau ruisselle à la surface, se précipite sur les pentes avec une vitesse d’autant plus grande que le volume déversé est plus considérable : elle bouleverse tout sur son passage, inonde les plaines qu’elle traverse en courant, et va se perdre dans les sebkhas ou dans la mer. Quelques heures après la pluie, le pays est aussi sec qu’auparavant, mais plus ravagé.

Le désastre commence dès que l’eau du ciel atteint le sol : aussi est-ce dès ce moment qu’il faut la saisir et la diriger, en gouvernant le ruissellement.

Dans les régions où la pente est peu prononcée, mal définie, où les eaux se rassemblent dans des dépressions sans issue, et forment des nappes stagnantes sans profit pour l’agriculture, les bas-fonds sont revêtus, à l’époque romaine, de cuvettes bétonnées à bords plats, où les produits des pluies viennent s’accumuler ; elles sortent, après décantation,