En effet, il ne s’agit pas aujourd’hui d’organiser le travail, il s’agit de le créer : on n’organise pas ce qui n’existe point.
II.
Gravité de la question
Or, ainsi établie, et c’est ainsi qu’elle doit l’être, la question de l’organisation du travail est, sans contredit, la plus épineuse qui puisse occuper l’Assemblée nationale. La froide logique ne peut s’empêcher d’y voir un nœud gordien que toute la sagesse humaine est désormais impuissante à délier ; une impasse d’où il est à craindre que l’Europe actuelle ne puisse sortir que par une crise violente.
D’une part, il est impossible de nourrir les ouvriers sans rien faire. Ce serait une injustice à l’égard du riche, un malheur pour l’ouvrier lui-même, et enfin la ruine de l’État.
D’autre part, il est impossible de procurer actuellement aux masses ouvrières, et pour un temps un peu long, un travail capable de les nourrir. Les finances de la République n’y suffiraient pas. Supposé même que cela soit possible aujourd’hui , que sera-ce dans quelques mois ? Le travail suffisant ne peut revenir qu’avec les capitaux particuliers ; les capitaux particuliers ne reparaîtront qu’avec la confiance ; la confiance naît de la sécurité ; la sécurité naît de l’ordre ; l’ordre fondamentalement ébranlé aujourd’hui, ne peut renaître sérieux et durable que de l’observation des lois fondamentales des sociétés ;