Page:Gaume - L'europe en 1848, 1848.djvu/60

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dimanche, l’assistance aux offices, l’observation des lois de l’Église, la fréquentation des sacrements et les autres prescriptions de la foi ne sont que des lisières dont on peut parfaitement se passer, quand on porte un habit de drap et qu’on a quelques poils de barbe au menton.

Prenez-y garde, agir de la sorte c’est faire du christianisme un roi de théâtre ; c’est ruiner son action salutaire sur les classes laborieuses ; c’est continuer la dérision sacrilège qui a conduit la société au point où nous la voyons ; c’est ôter aux passions frémissantes le seul frein capable de les contenir ; c’est provoquer infailliblement de nouvelles catastrophes ; c’est devenir vous-mêmes la pire espèce de révolutionnaires. En effet, s’il est vrai, incontestablement vrai que la religion est la base des mœurs, et que les mœurs sont la base des lois ; il est donc vrai, incontestablement vrai que l’homme qui viole la loi civile démolit l’édifice par le comble et par la toiture ; que l’homme qui outrage les mœurs l’attaque par le milieu des murailles ; que celui qui méprise la religion le sape par la base.

Et puis, vous qui voulez laisser la religion au peuple, qui la lui désirez comme le grand remède au mal qui le dévore et qui vous menace, est-ce donc que vous n’en avez pas besoin ? Le riche n’a-t-il pas aussi besoin de se moraliser que le pauvre ? Parce qu’il possède des rentes, l’homme n’a-t-il plus de passions à dompter ? La classe élevée est-elle aujourd’hui, beaucoup plus que la classe inférieure, un