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Une clarté les suit dans la nuit la plus noire.
Ils marchent, revêtus de lumière ; et l’Histoire
Prend leurs traces pour guide en ces temps ténébreux ;
Esprits qui, sans leçons, savent ce qu’il faut croire,
Ce qu’il faut rejeter, et qui portent en eux
La chère vision d’un avenir heureux.

 
L’Avenir, l’Avenir, triomphe de la lutte
Que, dès le premier jour, l’homme soutint, en butte
À la fatalité dont un Dieu l’enchaînait ;
L’Avenir, dont leur cœur veut hâter la minute,
Que le monde, autour d’eux, recule et méconnaît,
Et dont, seuls, ils voient l’aube à l’horizon, qui naît !

 
Fils aînés du Vaincu qui porta sa défaite
Sans plier, le combat pour vous est une fête.
Vos bras sont-ils armés ? Vous ne le savez pas.
Vous savez seulement qu’il faut jeter du faîte
Les monstres écrasant les pauvres gens d’en bas ;
Et vous précipitez, pour cet assaut, vos pas.


Ô Fils, vous êtes grands. Brillants comme des phares,
Vous avez éclairé, parmi les mers barbares,
Vos frères sans boussole, en proie aux noirs écueils.
Du triomphe prochain vous sonniez les fanfares ;
Et quand vous vous couchiez au fond des froids cercueils,
L’Humanité pleurait son veuvage en longs deuils.