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Mais là-haut ricanait, dans sa triple auréole,
Iaveh, père, fils, esprit, lugubre idole
Que votre amour du Vrai faisait trembler, lutteurs ;
Et ce rire trouvait un écho chez maint drôle
En couronne ou mitré, pour qui de plats flatteurs
Distillaient le doux miel des éloges menteurs.


Vos noms sont éternels. Révolutionnaire,
Votre audace attaqua le vautour dans son aire,
Le tigre en son fourré. Sublimes précurseurs,
Vous avez fait briller le soleil dans une ère
De nuit, et vous avez, athlètes et penseurs,
Suscité l’épouvante au sein des oppresseurs.


Rejetons de Kaïn, Aïeux de ceux qui vivent
Maintenant, le but saint que vos enfants poursuivent,
C’est vous qui l’avez vu les premiers, presque atteint.
Si les hommes jamais à la Justice arrivent,
Ils le devront à vous, dont le zèle maintint
De l’humaine fierté le flambeau mal éteint.


On vous persécuta. Les princes et les prêtres
Vous haïssaient. Semant autour de vous les traîtres,
Ils vous embarrassaient d’une glu d’espions.
Vous sentiez dans vos chairs les ongles de vos maîtres
S’enfoncer et leurs dents vous mordre, fiers lions
Tombés dans une fosse, en proie aux scorpions.