Et nous serons égaux, comme au sein de nos mères
Et comme dans la tombe ; et les larmes amères
Ne se mêleront plus aux éclats du plaisir.
Les droits du genre humain ne sont plus des chimères.
Nous savons où les prendre, et notre ardent désir
Nous pousse, bras tendus, vers eux, pour les saisir.
Le travail deviendra la source de la vie
Pour tous. Les gras voleurs, que la Misère envie,
Ne se gaveront plus quand les autres ont faim ;
La femme, que les lois à l’homme ont asservie,
De son abaissement surgira, libre enfin ;
Et des iniquités nous aurons vu la fin.
Et ta race, Kaïn, hier faite d’esclaves,
À travers le bonheur marchera sans entraves,
Nourrissant en son sein ton implacable orgueil.
Et ces Fils, qui, par toi, surent se montrer braves,
Sur tes exemples fiers tenant fixé leur œil, —
Toi, tu les béniras du fond de ton cercueil ;
Car ce que t’avait pris, aux premiers jours du monde,
Iaveh, le Jaloux : la Liberté féconde,
La Justice, le Vrai ; ce que le genre humain,
Qu’étreignit si longtemps la tyrannie immonde,
Cherchait à recouvrer en s’efforçant en vain, —
Nous l’aurons reconquis, nous les fils, ô Kaïn !