qui tranchait tout, d’Isabelle et non d’une autre, maître Bilot, et, plongeant la main dans sa poche, il répandit négligemment sur la table une assez longue traînée de pièces d’or : Payez-vous de votre bouteille et gardez le reste de la monnaie. »
L’hôtelier ramassa les louis avec componction et les fit glisser l’un après l’autre au fond de son escarcelle. Les deux gentilshommes se levèrent, enfoncèrent leur feutre jusqu’au sourcil, jetèrent leur manteau sur le coin de leur épaule et quittèrent la salle. Vallombreuse fit plusieurs tours dans la ruelle, levant le nez chaque fois qu’il passait devant la bienheureuse fenêtre, mais ce fut peine perdue. Isabelle, désormais sur ses gardes, ne se montra point. Le rideau était baissé, et l’on eût pu croire qu’il n’y avait personne en la chambre. Las de faire le pied-de-grue dans cette ruelle déserte fort rafraîchie du vent de bise, posture à laquelle il n’était pas accoutumé, le duc de Vallombreuse se lassa bientôt d’une attente vaine et reprit le chemin de sa demeure, maugréant contre l’impertinente pruderie de cette pecque assez assurée pour faire languir ainsi un duc jeune et bien fait. Il pensa même, avec quelque complaisance, à cette bonne Corisande naguère si dédaignée, mais l’amour-propre bientôt lui dit à l’oreille qu’il n’aurait qu’à paraître pour triompher comme César. Quant au rival, s’il le gênait trop, il le supprimerait au moyen de quelques estafiers ou coupe-jarrets à gages ; la dignité ne permettant pas de se commettre avec un pareil drôle.
Il est vrai, Vallombreuse n’avait pas aperçu Isabelle