Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/166

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quand on n’est pas encore des ombres, il faut manger, vous savez bien !… Les derniers grains de riz, je les ai partagés ce matin avec vous et mes soldats !… Alors, quoi ?…

PRINCE-FIDÈLE, indiquant le tombeau.

Les gâteaux sacrés, là, sur la table des morts.

L’IMPÉRATRICE

Horreur et sacrilège !

LUMIÈRE-VOILÉE

Il n’y a pas de sacrilège, quand il s’agit de sauver la Dynastie Lumineuse… Les Mânes augustes viendront eux-mêmes vous convier au repas ; notre sacrifice nous les rendra indulgents et favorables.

L’IMPÉRATRICE, lente, tout à coup.

Ainsi, je serai celle qui vivra dans les froides ténèbres, avec l’incertitude d’en sortir jamais ; je serai celle qui se traînera comme une larve dans les souterrains peuplés de fantômes, mangeant à tâtons les offrandes pieuses qui se dessèchent sur les autels des morts… Oh ! oui, c’est plus épouvantable que de mourir ici… Alors, j’accepte… Emmenez-moi, je suis résignée !…