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L’EMPEREUR

C’est toi, pourtant, qui as éveillé mon esprit, qui l’as tiré de sa torpeur mortelle ; c’est toi qui m’as insufflé la volonté et la force. N’as-tu pas approuvé mon projet ? N’as-tu pas trouvé noble, et digne d’un sage, le rêve dont je m’enivrais ?

PUITS-DES-BOIS, s’agenouillant auprès de l’Empereur.

J’ai crié d’enthousiasme, j’ai pleuré d’émotion, quand j’ai compris votre sublime pensée… Mais c’est un rêve impossible et, vouloir le réaliser, est une folie, généreuse autant que vaine ! J’ai peur pour vous. Sire, mon bien-aimé maître, j’ai peur !…

L’EMPEREUR

Peur de quoi ?… Jusqu’à ce jour, tout ce que j’avais imaginé ne s’est-il pas accompli comme par enchantement ?

PUITS-DES-BOIS

Jusqu’à ce jour, oui, je ne dis pas non !

L’EMPEREUR

Ma sortie du palais, qui semblait si périlleuse :