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Page:Gautier-Lopez - Regardez mais ne touchez pas.djvu/14

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Scène II.


LES MÊMES, GRISELDA.


GRISELDA.

Bonne nouvelle, Messieurs !… la reine n’est pas morte !…

LE COMTE.

Vive la reine !…

GRISELDA.

C’est un miracle… Elle n’a pas même une égratignure !…

BÉATRIX.

Bonheur inespéré !… J’en remercie le Ciel !…

LE COMTE.

Une explosion de joie ne serait pas déplacée en ce moment : je ris, je saute, et je jette mon chapeau en l’air !… (Il reste immobile.)

BÉATRIX.

Ô ma chère maîtresse !… Parle, Griselda, comment a-t-elle pu échapper à ce danger !…

LE COMTE.

Malgré la distance qui nous sépare, j’interroge moi-même une simple suivante… Griselda… raconte-nous…

GRISELDA.

Volontiers… je commence… Il s’agit d’un jeune homme…

BÉATRIX.

Ali !…

GRISELDA.

Que dis-je !… de mieux que cela !…

LE COMTE.

D’un homme d’âge mûr ?…

GRISELDA.

Non… de deux jeunes gens… deux vaillants, deux héros, qui n’ont pas craint d’exposer leurs jours pour sauver leur reine !…

BÉATRIX.

Deux ?…

LE COMTE.

Vous voilà, ma nièce, dans un bel embarras !… votre promesse imprudente vous force d’être parjure ou bigame…

BÉATRIX.

Eh ! quoi !… l’on n’a pu savoir lequel ?

GRISELDA.

On se perd en conjectures… on les a vus courir l’un et l’autre dans la même direction, et puis, l’épaisseur du bois les a dérobés à nos regards ; des cris se sont fait entendre… Don Diego d’Escalona,