Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Restez donc, Paul, dit le commodore ; j’avais arrangé dans ma tête un plan de soirée, sauf l’approbation de ma nièce : nous serions allés d’abord boire un verre d’eau de la fontaine de Santa Lucia, qui sent les œufs gâtés, mais qui donne l’appétit ; nous aurions mangé une ou deux douzaines d’huîtres, blanches et rouges, à la poissonnerie, dîné sous une treille dans quelque osteria bien napolitaine, bu du falerne et du lacryma-christi, et terminé le divertissement par une visite au seigneur Pulcinella. Le comte nous eût expliqué les finesses du dialecte. »

Ce plan parut peu séduire M. d’Aspremont, et il se retira après avoir salué froidement.

Altavilla resta encore quelques instants ; et comme miss Ward, fâchée du départ de Paul, n’entra pas dans l’idée du commodore, il prit congé.

Deux heures après, miss Alicia recevait une immense quantité de pots de fleurs, des plus rares, et, ce qui la surprit davantage, une monstrueuse paire de cornes de bœuf de Sicile, transparentes comme le jaspe, polies comme l’agate, qui mesuraient bien trois pieds de long et se terminaient par de menaçantes pointes noires. Une magnifique monture de bronze doré permettait de poser les cornes, le piton en l’air, sur une cheminée, une console ou une corniche.

Vicè, qui avait aidé les porteurs à déballer