Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/202

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assemblées, et il est tombé une pluie si forte que les chiens pouvaient boire debout. »

Scazziga n’était pas convaincu et hochait la tête d’un air de doute.

« Le groom ne vaut d’ailleurs pas mieux que le maître, continua Timberio, et il faut que ce singe botté ait des intelligences avec le diable pour m’avoir jeté par terre, moi qui le tuerais d’une chiquenaude.

— Je suis de l’avis de Timberio, dit majestueusement le chef de cuisine ; l’étranger mange peu ; il a renvoyé les zuchettes farcies, la friture de poulet et le macaroni aux tomates que j’avais pourtant apprêtés de ma propre main ! Quelque secret étrange se cache sous cette sobriété. Pourquoi un homme riche se priverait-il de mets savoureux et ne prendrait-il qu’un potage aux œufs et une tranche de viande froide ?

— Il a les cheveux roux, dit Gelsomina en passant les doigts dans la noire forêt de ses bandeaux.

— Et les yeux un peu saillants, continua Pepina, l’autre servante.

— Très rapprochés du nez, appuya Timberio.

— Et la ride qui se forme entre ses sourcils se creuse en fer à cheval, dit en terminant l’instruction le formidable Virgilio Falsacappa ; donc il est…

— Ne prononcez pas le mot, c’est inutile, cria le chœur moins Scazziga, toujours incrédule ; nous nous tiendrons sur nos gardes.