Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/282

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faire la sieste ; il y a sous cette voûte de la fraîcheur et de l’ombre : n’ayez aucune crainte, mademoiselle, dit le guide en poussant du pied le corps étendu à terre. Holà ! réveille-toi, fainéant, et laisse passer Leurs Seigneuries. »

Le prétendu dormeur ne bougea pas.

« Ce n’est pas un homme endormi, c’est un mort, » dit un des jeunes garçons, qui, vu sa petite taille, démêlait mieux dans l’ombre l’aspect du cadavre.

Le cicerone se baissa sur le corps et se releva brusquement, les traits bouleversés.

« Un homme assassiné ! s’écria-t-il.

— Oh ! c’est vraiment désagréable de se trouver en présence de tels objets ; écartez-vous, Ethelwina, Kitty, Bess, dit mistress Bracebridge ; il ne convient pas à de jeunes personnes bien élevées de regarder un spectacle si impropre. Il n’y a donc pas de police dans ce pays-ci ! Le coroner aurait dû relever le corps.

— Un papier ! fit laconiquement le cousin, roide, long et embarrassé de sa personne comme le laird de Dumbidike de la Prison d’Édimbourg.

— En effet, dit le guide en prenant le billet placé sur la poitrine d’Altavilla, un papier avec quelques lignes d’écriture.

— Lisez, » dirent en chœur les insulaires, dont la curiosité était surexcitée.

« Qu’on ne recherche ni n’inquiète personne