Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reté de dessin, un éclat de coloris et une liberté de touche qui sentaient le grand maître et non plus le simple décorateur à l’adresse vulgaire, Mars, Vénus et l’Amour ; une frise composée de cerfs, de lièvres et d’oiseaux se jouant parmi les feuillages régnait au-dessus d’un revêtement de marbre cipolin ; la mosaïque du pavé, travail merveilleux dû peut-être à Sosimus de Pergame, représentait des reliefs de festin exécutés avec un art qui faisait illusion.

Au fond de la salle, sur un biclinium ou lit à deux places, était accoudée Arria Marcella dans une pose voluptueuse et sereine qui rappelait la femme couchée de Phidias sur le fronton du Parthénon ; ses chaussures, brodées de perles, gisaient au bas du lit, et son beau pied nu, plus pur et plus blanc que le marbre, s’allongeait au bout d’une légère couverture de byssus jetée sur elle.

Deux boucles d’oreilles faites en forme de balance et portant des perles sur chaque plateau tremblaient dans la lumière au long de ses joues pâles ; un collier de boules d’or, soutenant des grains allongés en poire, circulait sur sa poitrine laissée à demi découverte par le pli négligé d’un peplum de couleur paille bordé d’une grecque noire ; une bandelette noir et or passait et luisait par places dans ses cheveux d’ébène, car elle avait changé de costume en revenant du théâtre ; et autour de son bras,