Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/339

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comme l’aspic autour du bras de Cléopâtre, un serpent d’or, aux yeux de pierreries, s’enroulait à plusieurs reprises et cherchait à se mordre la queue.

Une petite table à pieds de griffon, incrustée de nacre, d’argent et d’ivoire, était dressée près du lit à deux places, chargée de différents mets servis dans des plats d’argent et d’or ou de terre émaillée de peintures précieuses. On y voyait un oiseau du Phase couché dans ses plumes, et divers fruits que leurs saisons empêchent de se rencontrer ensemble.

Tout paraissait indiquer qu’on attendait un hôte ; des fleurs fraîches jonchaient le sol, et les amphores de vin étaient plongées dans des urnes pleines de neige.

Arria Marcella fit signe à Octavien de s’étendre à côté d’elle sur le biclinium et de prendre part au repas ; — le jeune homme, à demi fou de surprise et d’amour, prit au hasard quelques bouchées sur les plats que lui tendaient de petits esclaves asiatiques aux cheveux frisés, à la courte tunique. Arria ne mangeait pas, mais elle portait souvent à ses lèvres un vase myrrhin aux teintes opalines rempli d’un vin d’une pourpre sombre comme du sang figé ; à mesure qu’elle buvait, une imperceptible vapeur rose montait à ses joues pâles, de son cœur qui n’avait pas battu depuis tant d’années ; cependant son bras nu, qu’Octavien effleura en soulevant