Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps de ce charmant cavalier, hetman, hospodar ou magnat, mari de la plus belle femme du monde ? Vous n’avez plus envie de vous laisser mourir comme c’était votre projet la première fois que je vous ai vu dans votre triste appartement de la rue Saint-Lazare, maintenant que les portes de l’hôtel Labinski vous sont toutes grandes ouvertes et que vous n’avez plus peur que Prascovie ne vous mette la main devant la bouche, comme à la villa Salviati, lorsque vous voudrez lui parler d’amour ! Vous voyez bien que le vieux Balthazar Cherbonneau, avec sa figure de macaque, qu’il ne tiendrait qu’à lui de changer pour une autre, possède encore dans son sac à malices d’assez bonnes recettes.

― Docteur, répondit Octave-Labinski, vous avez le pouvoir d’un Dieu, ou, tout au moins, d’un démon.

― Oh ! oh ! n’ayez pas peur, il n’y a pas la moindre diablerie là-dedans. Votre salut ne périclite pas : je ne vais pas vous faire signer un pacte avec un parafe rouge. Rien n’est plus simple que ce qui vient de se passer. Le Verbe qui a créé la lumière peut bien déplacer une âme. Si les hommes voulaient écouter Dieu à travers le temps et l’infini, ils en feraient, ma foi, bien d’autres.

― Par quelle reconnaissance, par quel dévouement reconnaître cet inestimable service ?

― Vous ne me devez rien ; vous m’intéres-