Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/73

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mauvais augure. Pendant ce temps, je m’occuperai de réveiller votre ancienne enveloppe avec toutes les précautions et les égards qu’elle mérite. »

Reconnaissant la justesse des observations du docteur, Octave-Labinski se hâta de sortir. Au bas du perron piaffaient d’impatience les magnifiques chevaux bais du comte, qui, en mâchant leurs mors, avaient devant eux couvert le pavé d’écume. ― Au bruit de pas du jeune homme, un superbe chasseur vert, de la race perdue des heiduques, se précipita vers le marchepied, qu’il abattit avec fracas. Octave, qui s’était d’abord dirigé machinalement vers son modeste brougham, s’installa dans le haut et splendide coupé, et dit au chasseur, qui jeta le mot au cocher : « À l’hôtel ! » La portière à peine fermée, les chevaux partirent en faisant des courbettes, et le digne successeur des Almanzor et des Azolan se suspendit aux larges cordons de passementerie avec une prestesse que n’aurait pas laissé supposer sa grande taille.

Pour des chevaux de cette allure la course n’est pas longue de la rue du Regard au faubourg Saint-Honoré ; l’espace fut dévoré en quelques minutes, et le cocher cria de sa voix de Stentor : « La porte ! »

Les deux immenses battants, poussés par le suisse, livrèrent passage à la voiture, qui tourna dans une grande cour sablée et vint s’arrêter