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sée d’iris et de rayons prismatiques, à éteindre des yeux et des diamants moins beaux que ceux des incomparables Musidora, Arabelle, Phébé et Cinthie.

À droite de George, à côté de la chaise vide de Fortunio, est placée Musidora, la belle aux yeux vert de mer : elle a dix-huit ans tout au plus. Jamais l’imagination n’a rêvé un idéal plus suave et plus chaste ; on la prendrait pour une vignette animée des Amours des anges, par Thomas Moore, tant elle est limpide et diaphane. La lumière semble sortir d’elle, et elle a plutôt l’air d’éclairer que d’être éclairée elle-même ; ses cheveux, d’un blond si pâle qu’ils se fondent avec les tons transparents de sa peau, se tournent sur ses épaules en spirales lustrées ; un simple cercle de perles, tenant de la ferronnière et du diadème, empêche les deux flots dorés qui coulent de chaque côté du front de s’éparpiller et de se réunir ; ils sont si fins et si soyeux, que le moindre souffle les soulève et les fait palpiter.

Une robe d’un vert très pâle, brochée d’argent, rehausse la blancheur idéale de sa poitrine et de ses bras nus, autour desquels s’enroulent, en forme de bracelets, deux serpents d’émeraudes avec des yeux de diamant d’une vérité inquiétante. C’est là toute sa parure.

Son visage pâle, où brille dans son printemps une indicible jeunesse, est le type suprême de la beauté anglaise : un duvet léger en adoucit