Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/212

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plus royale envie de me griser abominablement. Toi, Keni-Tambouhan, tu vas jouer du tympanon ; toi, Cambana, exerce tes griffes sur ta citrouille emmanchée dans un balai, et faites à vous toutes un sabbat à rendre le diable sourd. Il y a longtemps que je ne me suis réjoui. ― Rima-Pahes, pendant que je chanterai et que je boirai me chatouillera la plante des pieds avec la barbe d’une plume de paon. ― Fatmé et Zuleika danseront ; ensuite nous ferons battre un lion et un tigre. — Tous ceux ou celles qui ne seront pas ivres-morts d’ici à deux heures seront décapités ou empalés, à leur choix. — C’est dit. »

Une nuée de petits esclaves noirs, jaunes, rouges ou bigarrés, arrivèrent portant des plateaux d’argent sur le bout des doigts et des vases sculptés en équilibre sur leur tête. En trois minutes tout fut prêt.

Chaque groupe de femmes avait sa table, c’est-à-dire son tapis, chargé de bassins pleins de conserves et de confitures ; le service se faisait à la mode orientale.

De temps en temps Fortunio jetait à ces beautés des fruits secs entremêlés d’amandes d’or et d’argent renfermant quelque petit bijou, et il riait aux éclats de voir les efforts qu’elles faisaient pour s’en saisir.

Jamais les yeux des Grecs, amants de la belle forme, ne se reposèrent sur d’aussi gracieux