Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maisons voisines, ou s’était éclipsée par quelque passage inconnu ; le Tiburce désappointé, après avoir regardé le puits à volutes de fer, forgé par Quintin-Metzys, le peintre-serrurier, eut la fantaisie, faute de mieux, d’examiner la cathédrale, qu’il trouva badigeonnée de haut en bas d’un jaune serin abominable. Heureusement, la chaire en bois sculpté de Verbruggen, avec ses rinceaux chargés d’oiseaux, d’écureuils, de dindons faisant la roue, et de tout l’attirail zoologique qui entourait Adam et Ève dans le paradis terrestre, rachetait cet empâtement général par la finesse de ses arêtes et le précieux de ses détails ; heureusement, les blasons des familles nobles, les tableaux d’Otto Venius, de Rubens et de Van Dyck cachaient en partie cette odieuse teinte si chère à la bourgeoisie et au clergé.

Quelques béguines en prières étaient disséminées sur le pavé de l’église ; mais la ferveur de leur dévotion inclinait tellement leurs visages sur leurs livres de prières à tranche rouge, qu’il était difficile d’en distinguer les traits. D’ailleurs la sainteté du lieu et l’antiquité de leur tournure empêchaient Tiburce d’avoir envie de pousser plus loin ses investigations.

Cinq ou six Anglais, tout essoufflés d’avoir monté et descendu les quatre cent soixante et dix marches du clocher, que la neige de colombe dont il est recouvert en tout temps fait ressembler à une aiguille des Alpes, examinaient les ta-