Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/507

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rampes de marbre qui reliaient la cité au Pactole, cette opulente rivière dont Midas, en s’y baignant, a rempli le sable de paillettes d’or. On eût dit que chacun de ces honnêtes citoyens se mariait lui-même, tant ils avaient l’air important et solennel.

Des groupes se formaient dans l’agora, sur les degrés des temples, le long des portiques. À chaque angle de rue, l’on rencontrait des femmes traînant par la main de pauvres enfants dont les pas inégaux s’accordaient mal avec l’impatience et la curiosité maternelles. Les jeunes filles se hâtaient vers les fontaines, leur urne en équilibre sur la tête ou soutenue de leurs bras blancs comme par deux anses naturelles, pour faire la provision d’eau de la maison, et pouvoir être libres à l’heure où passerait le cortège nuptial. Les lavandières repliaient avec précipitation les tuniques et les chlamydes à peine sèches, et les empilaient sur des chariots attelés de mules. Les esclaves tournaient la meule sans que le fouet de l’intendant eût besoin de chatouiller leurs épaules nues et couturées de cicatrices. ― Sardes se dépêchait d’en finir avec ces soins de chaque jour dont aucune fête ne dispense.

Le chemin que le cortège devait parcourir avait été semé d’un sable fin et blond. D’espace en espace, des trépieds d’airain envoyaient au ciel des fumées odorantes de cinnamome et de