Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/521

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encore ressortir l’harmonie et l’élégance de leurs proportions.

Un tableau de Bularque, payé au poids de l’or par Candaule, peint sur le bois du larix femelle, et représentant la défaite des Magnètes, excitait l’admiration générale pour la perfection du dessin, la vérité des attitudes et l’harmonie des couleurs, quoique l’artiste n’y eût employé que les quatre teintes primitives : le blanc, l’ocre attique, la sinopis pontique et l’atrament. ― Le jeune roi aimait la peinture et la sculpture plus peut-être qu’il ne convient à un monarque, et il lui était arrivé souvent d’acheter un tableau au prix du revenu annuel d’une ville.

Des chameaux et des dromadaires splendidement caparaçonnés, le col chargé de musiciens jouant des cymbales et du tympanon, portaient les pieux dorés, les cordes et les étoffes de la tente destinée à la jeune reine pour des voyages et des parties de chasse.

Ces magnificences, en toute autre occasion, auraient ravi le peuple de Sardes ; mais sa curiosité avait un autre but, et ce ne fut pas sans quelque impatience qu’il vit défiler cette portion du cortège. ― Les jeunes filles et les beaux garçons, agitant des torches enflammées, et semant à pleines mains la fleur du crocus, n’obtinrent même pas son attention. L’idée de voir Nyssia préoccupait toutes les têtes.

Enfin Candaule apparut monté sur un char