Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/552

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veloppe l’oignon, avait tout l’éclat de rayons de soleil tramés. Vis-à-vis le trophée d’armes était placé un fauteuil incrusté d’ivoire et d’argent avec un siège recouvert d’une peau de léopard, tachetée de plus d’yeux que le corps d’Argus, et un marchepied découpé à jour, sur lequel Nyssia déposait ses vêtements.

« Je me retire d’ordinaire le premier, dit Candaule à Gygès, et je laisse la porte ouverte comme elle l’est maintenant ; Nyssia, qui a toujours quelque fleur de tapisserie à terminer, quelque ordre à donner à ses femmes, tarde quelquefois un peu à me rejoindre ; mais enfin elle vient ; et, comme si cet effort lui coûtait beaucoup, lentement, une à une, elle laisse tomber sur ce fauteuil d’ivoire les draperies et les tuniques qui l’enveloppent tout le jour, comme les bandelettes d’une momie. Du fond de ta retraite, tu pourras suivre ses mouvements gracieux, admirer ses attraits sans rivaux, et juger par toi-même si Candaule est un jeune fou qui se vante à tort, et s’il ne possède pas réellement la plus riche perle de beauté qui jamais ait orné un diadème !

― Ô roi, je vous croirais même sans cette épreuve, répondit Gygès en sortant de sa cachette.

― Quand elle a quitté ses vêtements, continua Candaule sans faire attention à ce que disait son confident, elle vient prendre place à