Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/558

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ne les mettait que pour se faire prier de les ôter ; les anneaux et les ciselures avaient laissé sur sa peau fine et tendre comme la pulpe intérieure d’un lis, de légères empreintes roses, qu’elle eut bientôt dissipées en les frottant de sa petite main aux phalanges effilées, aux extrémités rondes et menues.

Puis, avec un mouvement de colombe qui frissonne dans la neige de ses plumes, elle secoua ses cheveux, qui, n’étant plus retenus par les épingles, roulèrent en spirales alanguies sur son dos et sur sa poitrine semblables à des fleurs d’hyacinthe ; elle resta quelques instants avant d’en rassembler les boucles éparses, qu’elle réunit ensuite en une seule masse. C’était merveille de voir les boucles blondes ruisseler comme des jets d’or entre l’argent de ses doigts, et ses bras onduleux comme des cols de cygne s’arrondir au-dessus de sa tête pour enrouler et fixer la torsade. ― Si par hasard vous avez jeté un coup d’œil sur un de ces beaux vases étrusques, à fond noir et à figures rouges, orné d’un de ces sujets qu’on désigne sous le nom de toilette grecque, vous aurez une idée de la grâce de Nyssia dans cette pose, qui depuis l’antiquité jusqu’à nos jours a fourni tant d’heureux motifs aux peintres et aux statuaires.

Sa coiffure arrangée, elle s’assit sur le bord de l’escabeau d’ivoire et se mit à défaire les bandelettes qui retenaient ses cothurnes. ― Nous