Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle appuya de toute sa force et jusqu’à le faire ployer son pouce frêle et mince sur les fermoirs pour vaincre la résistance des ressorts ; ― autant eût valu essayer d’ouvrir un coffre-fort cerclé de fer.

L’enfant mettait dans sa recherche une telle activité, qu’une légère sueur commençait à baigner son front velouté ; depuis bien longtemps elle n’avait autant travaillé.

Enfin, désespérant de pouvoir ouvrir le fidèle portefeuille, elle sonna Jacinthe, et se fit donner des ciseaux pour couper un morceau de la couverture et parvenir à retirer par là les lettres et les papiers qui se pouvaient trouver dedans.

Mais la peau du portefeuille ne fut pas même rayée par la pointe des ciseaux fins anglais de Musidora.

C’était une peau de lézard ou de serpent dont Musidora avait pris les écailles imbriquées pour une gaufrure ou une symétrie pratiquée à dessein, plus dure que le cuir d’un paysan ou d’un buffle et qui rendait toute incision impossible.

Pourtant, Musidora toucha par hasard le point secret qui faisait ouvrir le portefeuille ; ― la couverture s’écarta avec un mouvement brusque et sec comme celui des joujoux à surprise.

L’enfant, effrayée, laissa tomber le portefeuille sur ses genoux, s’attendant à en voir sortir un génie irrité, comme des fioles magiques des contes arabes, ou un aspic assis en spirale sur