Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/67

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― Non, et vous ? dit Musidora en souriant.

― D’abord, le plaisir de vous voir.

― Et puis quoi ? — car ce serait un pauvre motif.

― Je viens vous annoncer une chose absurde, inimaginable, folle, impossible, et qui renverse toutes les idées reçues ; si je croyais au diable, je dirais que c’est le diable en personne.

― Auriez-vous en effet vu le diable, Arabelle ? présentez-moi à lui puisque vous le connaissez, dit Musidora d’un air demi-incrédule ; il y a longtemps que j’ai envie de me rencontrer avec lui.

― Vous savez bien les pantoufles de la princesse chinoise que Fortunio m’avait promises ? eh bien ! je les ai trouvées, comme il me l’avait dit, sur la peau de tigre qui est au pied de mon lit. Toutes les portes étaient fermées, et celle de ma chambre à coucher ne s’ouvre qu’avec une combinaison connue de moi seule ; n’est-ce pas étrange ? ― Fortunio est un démon en habit noir et en gants blancs. ― Comment a-t-il fait pour passer par le trou de la serrure avec ses pantoufles ?

― Il y a peut-être quelque porte dérobée dont un de tes amants congédiés lui aura donné le secret, fit la Musidora avec un petit sourire venimeux.

― Non, cette chambre est celle où je serre mes diamants et mes bijoux ; elle n’a qu’une