Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/75

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plus de six semaines que j’ai gratté tout le pavé avec un outil, même que j’en ai mes pauvres mains pleines de durillons. Est-ce que vous seriez parentes de M. V*** ? »

Musidora fit un signe négatif.

« C’est que je lui avais entendu dire qu’il avait des parentes en province qui devaient venir à Paris. »

On était arrivé devant la porte de M. V***, et, comme ni Arabelle ni Musidora ne lui avaient répondu, l’animal visqueux et gluant empoigna la rampe et se laissa couler en grommelant jusqu’au bas de l’escalier, s’en rapportant à la discrétion de Mlle Césarine, gouvernante du savant, pour de plus amples informations.

Arabella tira le pied de biche.

Un kling-klang éraillé et grêle, provenant d’une sonnette fêlée, se fit entendre dans les profondeurs mystérieuses de l’appartement ; deux ou trois portes s’ouvrirent et se refermèrent dans le lointain ; une toux sèche se fit entendre et un bruit de pas alourdis s’approcha de la porte. ― Ce fut encore pendant quelques minutes un bruit de clefs et de ferraille, de verrous tirés, de cadenas ouverts ; puis la porte, légèrement entre-bâillée, donna passage au nez pointu et inquisiteur de Mlle Césarine, beauté hors d’âge et ne marquant plus depuis longtemps.

À la vue des deux jeunes femmes, sa physionomie prit soudain une expression revêche, tem-