Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/86

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dommager de la peine que vous devez avoir prise pour l’ouvrir. ― Votre curiosité n’a pas dû être très satisfaite ; mais, que diable ! je ne pouvais pas prévoir que vous m’escamoteriez mon portefeuille cette nuit-là ; on ne peut pas songer à tout. ― Sans cela je l’aurais abondamment garni de billets doux, de lettres confidentielles, d’actes civils, de cartes de visite et autres renseignements. ― Je vous recommande seulement de prendre bien garde à l’aiguille d’or. ― La pointe en a été trempée dans le lait vénéneux de l’euphorbe : la moindre piqûre donne la mort sur-le-champ avec la rapidité de la foudre ; cette aiguille est une arme plus terrible que le pistolet et le poignard, elle ne manque jamais son coup.

« P.-S. Faites détacher les pierres dont la couverture est ornée ; elles ont quelque prix : ce sont des topazes qui m’ont été données autrefois par le rajah de Serendib : il y a de quoi vous faire un bracelet qui ne déparera pas trop votre charmant petit bras. ― Mon joaillier ordinaire est le fameux B*** ; vous aurez soin de ne pas payer la monture.

« Je vous baise les pieds et les mains.

« Fortunio ».