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aventures du baron de münchhausen.

dans l’air. Du reste, de ce que je viens de vous dire vous pouvez conclure qu’il reste encore au monde un vaste champ ouvert à l’exploitation et à l’observation. Mais je reprends mon récit.

« Entre autres incidents de voyage, je passai sur une immense chaîne de montagnes, aussi élevée, pour le moins, que les Alpes. Une foule de grands arbres d’essences variées s’accrochaient aux flancs des rochers. Sur ces arbres poussaient des homards, des écrevisses, des huîtres, des moules, des colimaçons de mer, dont quelques-uns si monstrueux qu’un seul eût suffi à la charge d’un chariot, et le plus petit écrasé un portefaix. Toutes les pièces de cette espèce qui échouent sur nos rivages et qu’on vend dans nos marchés ne sont que de la misère, que l’eau enlève des branches, tout comme le vent fait tomber des arbres le menu fruit. Les arbres à homards me parurent les mieux fournis : mais ceux à écrevisses et à huîtres étaient les plus gros. Les petits colimaçons de mer poussent sur des espèces de buissons qui se trouvent presque toujours au pied des arbres à écrevisses, et les enveloppent comme fait le lierre sur le chêne.

« Je remarquai aussi le singulier phénomène produit par un navire naufragé. Il avait, à ce qu’il me sembla, donné contre un rocher, dont la pointe était à peine à trois toises au-dessous de l’eau, et en coulant bas s’était