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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/167

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1150" Quant au roi Marsile, il a fait marché de nous,
« Mais c’est avec nos épées qu’il sera payé. »Aoi.

XCVII

Aux défilés d’Espagne passe Roland
Sur Veillantif, son bon cheval courant.
Ses armes lui sont très avenantes ;
1155Il s’avance, le baron, avec sa lance au poing
Dont le fer est tourné vers le ciel
Et au bout de laquelle est lacé un gonfanon tout blanc.
Les franges d’or lui descendent jusqu’aux mains.
Le corps de Roland est très beau, son visage est clair et riant.
1160Sur ses pas marche Olivier, son ami ;
Et ceux de France, le montrant : « Voilà notre champion, » s’écrient-ils.
Sur les Sarrasins il jette un regard fier,
Mais humble et doux sur les Français ;
Puis, leur a dit un mot courtois :
1165« Seigneurs barons, allez au petit pas.
« Ces païens, en vérité, viennent ici chercher grand martyre.
« Le beau butin que nous aurons aujourd’hui !
« aucun roi de France n’en fit jamais d’aussi riche. »
À ces mots, les deux armées se rencontrent.Aoi.

XCVIII

1170« Point n’ai souci de parler ; » dit alors Olivier.
« Vous n’avez pas daigné sonner de votre cor,
« Et voici que le secours de Charles vous fera défaut.
« Certes il n’est pas coupable : car il n’en sait mot, le baron,
« El ceux qui sont là-bas ne sont point à blâmer.
1175« Maintenant, chevauchez du mieux que vous pourrez,
« Seigneurs barons, et ne reculez point.
« Au nom de Dieu, ne pensez qu’à deux choses :
« A recevoir et à donner de bons coups.
« Et n’oublions-pas la devise de Charles. »
1180À ce mot, les Français ne poussent qu’un seul cri :
« Monjoie ! » Qui les eût entendus crier de la sorte