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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/245

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« Ni de lui avoir fait dommage soit de moi, soit d’autrui. »
Puis : « Roland ! » s’écrie-t-il, « Roland ! à mon secours ! »Aoi.

CLXXIV

1965Olivier sent qu’il est blessé à mort :
Jamais il ne saurait assez se venger.
Aux païens il distribue grands coups de Hauteclaire,
Dans la grand’presse frappe en baron,
Tranche les écus à boucles et les lances,
Les pieds, les poings, les épaules et les flancs des cavaliers.
1970Qui l’eût vu démembrer ainsi les Sarrasins,
Jeter par terre un mort sur l’autre,
Celui-là eût eu l’idée d’un bon chevalier.
Mais Olivier ne veut pas oublier le cri de Charles :
« Monjoie ! Monjoie ! » répète-t-il d’une voix haute et claire.
1975Il appelle Roland, son ami et son pair :
« Compagnon, venez vous mettre tout près de moi.
« C’est aujourd’hui le jour où nous serons douloureusement séparés ! »
Et l’un se prend à pleurer en pensant à l’autre.Aoi.

CLXXV

Roland regarde Olivier au visage.
Il est pâle, violet, décoloré, livide ;
1980Son beau sang jaillit et coule, tout clair, de son corps,
Les ruisseaux en tombent par terre :
« Dieu ! » dit Roland, " je ne sais maintenant que faire.
« Quel malheur, ami, pour votre courage !
« Jamais plus on ne verra homme de votre valeur.
1985« O douce France ! tu vas donc être, veuve
« De tes meilleurs soldats ; tu seras confondue, tu tomberas.
« L’Empereur en aura grand dommage. »
À ce mot, Roland sur son cheval se pâme.Aoi.

CLXXVI

Voyez-vous Roland, là, pâmé sur son cheval,
1990Et Olivier qui est blessé à mort ?