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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/303

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Et voilà cette flotte qui cingle rapidement, navigue et se gouverne.
Au sommet des mâts-, et sur les hautes vergues,
Il y a lanternes et escarboucles
Qui, de là-haut, projettent telle lumière
2635Qu’en pleine nuit la mer paraît plus belle encore.
Au moment où ils arrivent en vue de la terre d’Espagne,
Tout le pays en est illuminé ;
La nouvelle en va jusqu’à Marsile :
« Baligant, lui dit-on, est entré dans sa terre
À la tête d’une armée, comme on n’en verra jamais de plus belle ;
Dix-sept rois, près de lui, sont à la tête de cette immense armée.
Que Dieu, que la souveraine Paternité protège Charles :
Car il aura une terrible et douloureuse bataille.Aoi.

CCXXI

L’armée païenne ne veut pas faire halte un moment.
2640Elle sort de la mer, entre dans les eaux douces,
Laisse derrière elle Marbrise et Marbrouse,
Et remonte le cours de l’Ebre avec tous ses navires.
Au sommet des mâts, et sur les longues vergues
Que de lanternes, que d’escarboucles !
C’est, pendant toute là nuit, une clarté immense :
2645Le jour même elle arrive à, Saragosse.Aoi.

CCXXII

Clair est le jour, brillant est le soleil.
L’Émir sort de son vaisseau ;
Espanelis marche à sa droite ;
Dix-sept rois le suivent.
2650Quant aux comtes et aux ducs, on n’en sait pas le nombre.
À l’ombre d’un laurier, au milieu d’un champ,
On jette sur l’herbe un tapis de soie blanche ;
On y place un fauteuil d’ivoire,
Et le païen Baligant s’y asseoit,
2655Tandis que tous les autres restent debout.