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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/345

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Mais jamais Malprime ne devait la voir ;
Jamais Malprime n’en devait être investi ni saisi.Aoi.

CCLXII

À travers tous les rangs de son armée chevauche l’Émir ;
Son fils, qui a la taille d’un géant, le suit partout,
Avec le roi Torleu et le roi Dapamort.
Ils divisent alors leur armée en trente colonnes,

tudo, Pertz, VI, 212, et, dans Hugues de Fleuri, Pincenati.) Ce nom inspirait une telle terreur aux chrétiens, qu’il avait pris un sens général, et en vint à signifier les Sarrasins. (Charte de 1096 ; Ad depellendam Pincinnatorum perfidioe persecutionem, etc.) Il arriva qu’un jour les Pinceneis furent battus par d’autres peuplestartares, et notamment par les Magyares, puis absorbés par eux. Leur nom n’a pas laissé de trace. » — 5° Les Turcs (v.3240), dont M. G. Paris ne parle pas, appartiennent aussi à la race tartarofinnoise. = III. RACE CAUCASIQUE. Les Ermines ou Arméniens en sont les seuls représentants bien déterminés dans notre poème (v. 3227). = IV. RACE CHAMITE. On n’y peut guère faire rentrer que les Nubles (Nubes ou Nubiens), dont il est question au v. 3124, et peut-être les Nigres (v. 3229). = V. Peuples sémitiques. 1° Les Mors (v.3227) ne paraissent pas autres que les Maures d’Espagne, dont notre poète avait sans doute entendu parler. Les Maures provenaient, à l’origine, d’un mélange des Arabes envahisseurs avec les habitants aborigènes de l’Afrique septentrionale, à l’ouest de l’Égypte.— 2° Il est également difficile de ne pas reconnaître des peuplades arabes ou juives sous les noms de gent Samuel (3244) et gent de Jéricho (3254) : ce ne sont guère là, d’ailleurs, que des souvenirs de l’Histoire sainte. — 3° Enfin les Persans, race indo-européenne, avaient fait partie de l’empire arabe, depuis la chute des Sassanides, et de là sans doute les Pers de notre chanson (v.3240). = Tels sont tous les peuplés historiques cités dans cette célèbre énumération de notre poème, si l’on y ajoute les Canelius, qui ne sont véritablement que des Chananéens (v. la note du vers 3238), les Astrimonies (v. 3258), où l’on peut soupçonner les Thraces, et la ville de Butentrot (v. 3220), à laquelle nous consacrons ci-dessous une note spéciale.

      • B. Peuples imaginaires. Il n’est

guère possible d’expliquer un certain nombre de ces noms de peuples autrement que comme des sobriquets, donnés au hasard et suivant l’imagination du poète. Tels sont les Bruns (v. 3225), les Gros (3229), et, malgré tout, les Leus (3258). D’autres noms sont encore plus fantaisistes : tels sont Valpenuse (3256), Charbone (3259) et Valfronde (3260). Ces trois noms, en effet, sont employés dans d’autres romans pour désigner des localités très chrétiennes. = Il reste enfin un certain nombre de vocables à expliquer et à faire rentrer scientifiquement soit dans l’une, soit dans l’autre des catégories précédentes : les Ormaleis et les Euglez (3243), dont M. Müller fait une tribu slave et qu’il assimile (?) aux Uglici, Uliczi ; la gent d’Occiant la désert (3246), celles de Maruse (3257) et d’Argoilles (3259) ; Balide-la-Fort (3230) ; Baldise-la-Lunge (3255) et Malpruse (3253). — Pour la géographie et la description de la terre au XIIeS., cf. l’Imago mundi et les quelques cartes qui sont parvenues jusqu’à nous. C’est le commentaire nécessaire de la présente note.