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Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/60

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Mahummet sert e Apohin reclaimet :
Ne s’ poet guarder que mals ne li ataignetAoi.


II


10 Li reis Marsilies esteit en Sarraguce :
Alez en est en un vergier suz l’umbre ;
Sur un perrun de marbre bloi se culchet,
Envirun lui ad plus de vint milie humes.
Il en apelet e ses dux e ses cuntes :
15 « Oez, seignurs, quels pecchiez nus encumbret :
« Li emperere Carles do France dulce
« En cest païs nus est venuz cunfundre.
« Jo nen ai ost ki bataille li dunget ;
« Nen ai tel gent ki la sue derumpet.
20 « Cunseilliez mei, cume roi saive hume :
« Si m’ guarisez e de mort e de hunte. »

âge se divisent ici eu deux groupes : les uns racontent la légende de Marsile à la manière du Roland, les autres à la façon du faux Turpin. Nul doute, d’ailleurs, que la Chronique latine n’ait été écrite d’après nos traditions épiques, plus ou moins défigurées. = Eu résumé, notre vieux poème représente ici le « noyau " de la légende : autour de ce noyau se sont successivement agrégés (à peu près dans l’ordre où nous allons les énumérer) les récits du faux Turpin, ceux qui ont plus tard donné lieu à là Prise de Pampelune, à l’Entrée en Espagne, et, bien plus tard, ceux de Gui de Bourgogne, qui n’ont plus rien de traditionnel. = Voir une exposition plus développée de la légende de Marsile, dans notre grande édition in-8° du Roland, 1872, II, 8-12.

S. Mahummet. L’auteur du Roland no connaissait pas l’islamisme et s’imaginait, avec nos autres poètes, que les Sarrasins adoraient des idoles, tout comme les Grecs et les Romains. Les trois principales idoles des infidèles auraient été, d’après nos Chansons de

geste, Mahom (Mahomet), Apollin (Apollon), Tervagan (?) : et c’est ainsi que nos pères mettaient sur le compte du mahométisme toutes les erreurs des paganismes anciens.— Néanmoins quelques trouvères, plus instruits et plus modernes, n’ignorent pas qu’il y a dans l’islamisme et dans le christianisme certains traits communs, assez nombreux et assez importants. C’est ce que l’auteur de l’Entrèe en Espagne (XIIIe-XIVe siècle) fait dire au géant Ferragus, après que Roland a exposé au Sarrasin les dogmes de l’unité do Dieu et de la création : " Par mon chef, tu dis vrai, « et nous trouvons la même chose eu « notre histoire. » (Ms.fr. de la bibl. Saint-Marc à Venise, XXI, f° 69.)

9. AOI. Cette notation est demeurée inexpliquée. Il est inadmissible qu’auisoit pour avoi, lequel viendrait d’ad viam et signifierait : " Allons, en route, s II suffit, pour renverser cette opinion do M. Génin, de remarquer qu’ad viam aurait donné dans notre dialecte, non pas avoi, mais à veie. C’est à tort que M. Michel a d’abord assimilé ce mot à notre cuouue litur-