Page:Gautier - Constantinople, Fasquelle, 1899.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
CONSTANTINOPLE.

d’animaux, par Victor Adam ; des guerriers du Khorassan à moustaches féroces, à cimiers barbares, brandissant des masses d’armes et montés sur des chevaux bleus à six jambes ; Napoléon à la bataille de Ratisbonne, les noms d’Allah et d’Ali en beaux parafes calligraphiques, entremêlés d’arabesques et de fleurs ; la jeune Espagnole, estampe de la rue Saint-Jacques, avec cette épigraphe en vers de mirliton de Saint-Cloud ou de jarretière de Temblequé :

J’ai cru voir dans tes yeux l’image du bonheur,
Aussi je te confie et ma vie et mon cœur.

Des vaisseaux turcs, des bateaux à vapeur et des caïques dont les matelots sont représentés par des lettres turques aux jambages prolongés en rames ; le combat de vingt-deux Français contre deux cents Arabes ; des fakirs se faisant suivre dans le désert par des chèvres, des antilopes et des serpents du dessin le plus primitif ; l’empereur de Russie et son auguste famille ; des costumes de femmes turques ; Grivas, héros grec ; un Turc se faisant saigner ; la bataille d’Austerlitz ; le portrait de Méhemet Ali, pacha d’Égypte, et celui d’un phénomène d’embonpoint ; le ballon de Tomaski, qui a fait à Constantinople une ascension célèbre ; un lion, un cerf, un angora, animaux de haute fantaisie, chimères d’histoire naturelle dont on ne trouverait les pareilles que sur des tableaux de ménageries foraines ; des vues de l’Arsenal et des principales mosquées ; Geneviève de Brabant, etc., etc. Tout cela bordé de petits cadres de deux sous.

Ce mélange bizarre se retrouve partout avec quelques variations de sujets ; la calligraphie turque y donne amicalement la main à l’imagerie française et forme sans malice les antithèses d’idées les plus bizarres sur les murailles bénévoles, qui souffrent tout, comme le papier : les sirènes y