Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/89

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— Parfois la fièvre nous trouble sans cause. Ne dites pas que notre amitié, est finie.

Elle s’apaisa un peu, mais elle ne se hâta pas de s’enfuir, comme les autres nuits, quand l’horloge à eau marqua l’heure de la séparation. Lentement, elle ouvrit la porte alors avec angoisse, elle se rejeta en arrière.

— Mon cœur est encore trop faible, dit-elle..’Voulezvous m’accompagner un peu. Vous me quitterez quand j’aurai dépassé le mur du temple.

Il la soutint de son bras, et l’accompagna jusql1’au moment où elle lui ordonna de la’laisser. Il s’arrêta alors et la suivit des yeux, mais tout à coup elle disparut.

Il allait se décider à rentrer, quand il crut entendre crier faiblement Au secours."

Il s’élança dans la direction qu’avait prise son a~mie et regarda de tous côtés, mais ne vit rien. La plainte cependant persistait, et il lui sembla qu’elle venait du toit de la galerie qu’il longeait.

Ayant levé la tête, il aperçut à la clarté de la lune, une araignée, grosse comme une balle, qui saisissait quelque chose entre ses affreuses pattes et, en même temps, les gémissements devinrent plus douloureux encore.

Bambou d’Or déchira la toile et délivra la proie, tandis que le monstre s’enfuyait.

Le jeune homme tenait dans sa main une jolie abeille bleue, presque morte. Il se hâta de rentrer, et la.posa délicatement sur la table de sa chambre. Bientôt, elle parut se ranimer, secoua ses ailes d’azur qui reprirent leur éclat lustré, elle s’essaya