Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/133

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tristes jours s’écoulèrent pour lui. Ceux qui le voyaient s’épouvantaient, il devenait légendaire, et l’on disait de lui :

« Il a les flancs desséchés et grêles, un vêtement usé, une chemise en lambeaux, il n’a pour se couvrir que les voiles de la nuit. Il est si terrible à voir que, pendant le jour, après le jour, partout on fuit sa rencontre, et, même lorsqu’il interrompt ses courses désolées, on est encore en alarmes. »

Enfin l’époux de Leïla vint à mourir, du chagrin que lui causaient l’aversion et la résistance de sa ravissante épouse.

On annonça cette bonne nouvelle à Medjnoun qui, à la surprise de tous, se mit à pleurer sur le sort de cet époux malheureux.

— Il est bien décidément fou, dirent les messagers, le voilà qui pleure sur ce qui devrait lui rendre la vie.

— Certes, dit Medjnoun, cet homme est à plaindre, car il a connu les tourments de l’amour.