Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/212

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— C’est bon, dit Haroun-el-Raschid, qu’on envoie cette négresse au bain.

Et il s’éloigna d’un air courroucé, sans plus regarder la reine.


Bien des années ont passé sur cette aventure. Le brillant Haroun-el-Raschid a quitté ce monde, et son fils, Emin-Allah, lui a succédé sur le trône des Khalifes.

Mais voici qu’un jour cruel s’est levé pour Zobeïde : le jeune roi, son bien-aimé fils, tout son cœur maintenant, vient de mourir assassiné. Pauvre mère, folle de douleur, elle s’arrache les cheveux, pleure et se lamente, emplit le harem de ses cris. Pourtant, chose étrange, elle ne maudit pas la destinée, ni l’assassin de son fils ; elle n’accuse même pas Allah de cruauté ; la seule imprécation qu’elle profère, cent fois, d’une voix déchirante, est celle-ci :

— Ah ! maudit soit l’entêtement ! maudit soit l’entêtement !

C’est que celui qu’on accuse d’avoir fait