Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/216

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beau cheval à la robe d’or, laissé libre, mordille nonchalamment le bout d’une branche. La princesse a mis pied à terre ; appuyée d’une main à un tronc d’arbre, elle se penche, et contemple, avec une vive émotion, l’esclave qui n’a pas repris connaissance.

Le captif a les yeux fermés ; ses grands cils, encore trempés de larmes, posent, frange embrouillée, sur les joues pâles, veloutées comme celles d’un enfant ; un pli douloureux crispe la bouche, ombrée d’un léger duvet ; sur le front la sueur perle, l’on dirait des gouttes de pluie mouillant un beau marbre.

— Ah ! il est trop charmant ! murmura la jeune femme, je ne saurais triompher du trouble qu’il a fait naître en moi. Je me sens devenir, hélas ! l’esclave de ce captif.

Elle ne pouvait se rassasier de le voir et retardait le moment de le rappeler à la vie. À un soupir qu’il poussa, elle se décida, cependant, à lui porter secours ; trempant un bout d’écharpe dans l’eau, elle lui mouilla les tempes, et, comme il demandait à boire, d’une