Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voix faible, elle fit, de ses mains jointes, une coupe, où il but avidement l’eau toute parfumée au contact de cette douce chair.

Il revint à lui et regarda, avec une surprise heureuse, les yeux ardents qui rayonnaient sur lui ; la coupe d’albâtre, il la retint, la caressa de ses lèvres, l’essuya avec des baisers.

— Le paradis après l’enfer ! murmura-t-il, es-tu la houri qui vient d’emporter mon âme ?

— Une simple mortelle est près de toi, mais elle te sauvera peut-être. Je suis Djémila, fille de Togrul, le chef des Turcomans, dont les armées victorieuses ont triomphé des tiens. Lorsque la chaîne de captifs défila devant nos tentes, je t’ai remarqué, entre tous, et mon cœur s’est ému pour toi de compassion. Depuis, j’ai cherché à te revoir, et je t’ai revu plusieurs fois ; aujourd’hui encore, si j’errais dans la plaine, pendant les heures brûlantes, c’est que je songeais à toi et voulais te protéger.

En écoutant ces paroles, le jeune homme