Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/339

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obliques du soleil couchant, c’est le portail de la mosquée de Kachgar !… Sur la place, voilà bien la fontaine des ablutions, à l’ombre du grand figuier, et, plus loin, le bazar, les maisons aux toitures de faïence noire et verte, les cours, les terrasses, les petites rues étroites et tortueuses de la ville natale !

— Est-ce un rêve, un mirage ? murmure Ominah, qui ne peut rassasier ses yeux d’un tel spectacle.

— Tout est réel, dit l’empereur. Des milliers d’ouvriers ont travaillé nuit et jour, d’après mes ordres, pour édifier ce tableau, que je pensais devoir te plaire. Que ne ferais-je pas pour te voir sourire, pour effacer de tes yeux cette tristesse qui me désole ? Ai-je réussi aujourd’hui à te contenter ? Je ne le crois pas. Je suis parvenu à t’étonner, mais je n’ai pu toucher ton cœur, qui n’a pas eu pour moi le moindre élan de gratitude.

— Votre bonté me rend confuse, et j’en suis indigne, dit Ominah. Certes, j’admire le prodige de cet ouvrage ; mais, tel que le portrait