Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/50

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tacles tomberont devant nous, sinon : que le tombeau nous garde !

Et, intrépide, il marcha, le premier, dans la galerie qui s’enfonçait sous la montagne.

Une pénombre étrange, blême, verdâtre et molle, régnait dans cette Région Occidentale, telle, les nuits de lune décroissante, les poissons la voient, peut-être, au fond du Nil.

Lointaine, une clameur plaintive et tendre à faire pleurer les plus cruels, soudain s’épandit dans le silence ; un lent et long hurlement, qui semblait traverser des harpes ; un appel douloureux, qui grandit, devint terrible ; puis, s’alanguissant, s’abîma dans un harmonieux sanglot.

Aménâa murmura :

— C’est Anubis l’aboyeur, le dieu lévrier, gardien des morts.

Et tous les simulacres des divinités, peints sur les parois, lentement, tournèrent leurs yeux vers les violateurs de la Bonne Demeure ; tout s’émut au cri d’alarme d’Anubis : les statues secouèrent leurs emblèmes, les éperviers