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Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/52

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Alors, tous ceux que les vivants sacrilèges avaient éveillés du grand sommeil, formèrent, derrière eux, comme une muraille qui de plus en plus s’avançait, les poussant vers l’eau putride, vers l’horrible engloutissement.

Et les flots se soulevèrent sous une poussée ; Sévek, le crocodile, maître de ce lac, émergea, ouvrit sa mâchoire avide, et la tint béante devant la proie certaine.

— Ô ! Aménâa, Scribe Excellent, dit Horus, c’est ici la fin de notre espoir. Me pardonneras-tu, toi dont je cause la mort ?

Mais Aménâa se baissa, il prit une poignée de limon qu’il modela entre ses mains. Il lui donna la forme d’un rat de pharaon, l’animal redouté du crocodile. Puis il récita un grimoire sur ce rat, qui devint vivant. Alors il le jeta dans la gueule du monstre, en disant :

— Crocodile, gardien du lac, si tu ne m’obéis, ce rat, que j’ai créé, va te dévorer le cœur ! Ce que j’ordonne, voici : sois pour nous un bateau docile qui nous porte sur l’autre rive.