Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/82

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une perle vierge, non percée, et d’une grosseur inusitée. Puis il renvoya les Sabéens et leurs présents.

Peu après, Bilkis se mit elle-même en route, avec une merveilleuse escorte, et suivie de toute son armée.

Salomon, prévenu de sa visite, fit construire un palais pour la recevoir. L’architecte fit le parvis de cristal, et, au-dessous, une eau claire coulait, peuplée de poissons aux belles couleurs.

Lorsque Bilkis arriva, le roi, tout ému et ébloui de sa beauté, s’avança vers elle ; elle franchissait le seuil et, croyant marcher dans l’eau, elle releva un peu sa robe, en avançant le pied avec hésitation. Le roi-prophète vit alors que la belle magicienne avait la jambe velue ; mais, son amour naissant, un instant ébranlé, n’en persista pas moins, et l’espoir des conseillers rusés qui, craignant l’alliance de ces deux puissances, avaient persuadé à l’architecte de construire ce perfide parvis, fut déçu.