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ÉVENTAILS DE LA PRINCESSE HÉLÈNE.

Directoire qui est cause de la tournure ignoble de tous les meubles, de tous les flambeaux, de toutes les pendules et en général de la pauvreté et de la lourdeur d’ornement de ces deux époques malheureuses.

Qu’est-ce qui fait que les moindres bagatelles qui viennent du temps de la Régence ou de Louis XV ont un cachet particulier, amusant, plein de goût, d’invention et de fantaisie ? C’est qu’en ce temps-là les peintres donnaient le dessin de tout. Ils fournissaient des modèles pour les fauteuils, les tapisseries, les trumeaux, les dessus de porte. Ils peignaient eux-mêmes les plafonds, les lambris, les écrans, les paravents, les carrosses, les soufflets, les clavecins, les tabatières et les éventails. Ils ne dédaignaient aucune besogne et faisaient tout ce qui concernait leur art. Ils n’auraient pas abandonné le pied d’un bougeoir au caprice d’un chaudronnier, ni laissé les moulures d’une porte à la disposition d’un menuisier sans goût, comme l’on fait aujourd’hui. Aussi ont-ils créé un art très nouveau, très spirituel, très français, un art fait pour nous et se ployant à nos moindres caprices, sans cesser d’être un art, problème difficile à résoudre et qu’ils ont résolu, et toujours et partout, avec une adresse et une sagacité merveilleuses.

François Boucher et Antoine Watteau ont peint des éventails qui sont de petits chefs-d’œuvre de