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LES FÊTES DE JUILLET.

cours était indiqué par une large traînée de brume chaude et rousse, rayonnait, suspendue dans l’air comme dans un météore de gloire, l’étoile de la Légion d’honneur.

C’était un coup d’œil tout à fait babylonien, et je doute que Beelthedzer ou Teglath-Phalasar ait jamais contemplé un panorama plus magique du haut de la dernière des huit tours superposées du temple de Bélus ; figurez-vous une gravure de Martynn de sept lieues de grandeur.

La nuit étant tout à fait tombée, les premières fusées du feu d’artifice commencèrent à s’élever dans le bleu sombre du ciel, en faisant des ricochets lumineux, puis, arrivés à leur apogée, elles éclatèrent et se fondirent en une brume d’argent ; elles furent saluées par un hourra joyeux, car les dieux du faubourg, perchés sur l’Olympe de la butte Montmartre, commençaient à s’impatienter et à demander la toile.

Les pièces s’enflammaient les unes après les autres. De cette hauteur, on ne voyait guère que la réverbération. Ces éclairs intermittents, qui paraissaient sortir du ventre de la terre et dessinaient vivement les tranches et les îlots de maisons, produisaient un effet mystérieux et féerique. De petites boules tricolores qui montaient et descendaient, se croisant les unes avec les autres comme les globes de cuivre entre les mains d’un jongleur, formaient