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FUSAINS ET EAUX-FORTES

somme pour remplacer le cheval disparu ? Ce ne sera pas un spectacle médiocrement bouffon que de voir les charretiers de l’avenir assis sur leurs marmites refroidies et obligés à pousser eux-mêmes leurs wagons ou à les faire traîner par des vaches ou des poules.

Le chemin de fer de Paris à Saint-Germain excite à un haut degré l’attention des habitants de la bonne ville, et c’est avec raison ; il réunit toutes les magnificences du genre ; le point de départ est marqué par un véritable palais ; des salles d’attente sont préparées pour les voyageurs, et ce ne sont pas des sinécuristes que ces honnêtes salles, car pour un trajet de trente minutes, on attend bien deux heures et demie.

Les bureaux où l’on prend ses billets sont entourés de grilles de bois disposées comme celles qu’on voit aux abords des théâtres ; ces grilles, qui se compliquent en manières de grecques et qui décrivent plusieurs zigzags tout à fait dédaliens, font faire aux queues de voyageurs une promenade d’agrément d’une ou deux lieues, sans sortir de la même chambre. Enfin, par des travaux et des périls sans nombre, vous arrivez au bienheureux bureau ; l’on vous délivre une petite languette de papier où la première chose qu’on aperçoit est une faute de français: Paris à Saint-Germain. Peut-être n’est-ce qu’une magnifique hyperbole signifiant qu’au moyen de rails et de